Le livre sacré des musulmans a été traduit dans la plupart des langues pratiquées dans le monde.
Pour ce qui est du français, la première traduction du Coran est attribuée à André du Ryer (consul de France à Alexandrie, en Égypte). Elle remonte à 1647. Depuis, pas moins de 120 traductions 1 ont vu le jour dans la langue de Molière !
Bien que la plupart d’entre elles ne soient plus éditées, les traductions françaises disponibles aujourd’hui sur le marché demeurent relativement nombreuses : on peut dénombrer une dizaine au minimum.
Ceux qui maîtrisent suffisamment l’arabe pourront évidemment lire le texte coranique dans sa langue d’origine. De plus, les livres d’exégèse coranique (تفسير, tafsīr) peuvent être fort utiles pour éclairer le sens de tel ou tel verset.
A ce propos, signalons l’existence d’un très bon site http://www.altafsir.com qui met à disposition et en intégralité un grand nombre d’études exégétiques (en majorité en arabe plus quelques unes traduites en anglais) et cela sans sectarisme ni censure car la plupart des courants de l’islam y sont représentés : sunnisme, chiisme, ibadisme, etc. Une véritable mines d’or regroupant des dizaines de gros volumes.
Quant aux non arabophones, le recours à une traduction est nécessaire pour accéder au Coran, du moins à une partie de son contenu. Cette dernière phrase à son importance car il faut être conscient qu’il n’y a pas de traduction parfaite et une célèbre expression italienne traduit bien – sans jeu de mots – cet état de fait : « Traduttore, traditore » qui signifie : « Traduire, c’est trahir ».
Cette remarque est d’autant plus vraie que l’arabe et le français sont deux langues radicalement différentes. De plus, le texte coranique est très particulier : il est notamment riche en rimes et il fait usage de nombreux termes polysémiques, c’est-à-dire qui ont plusieurs sens.
Pour cette raison, les traductions du Coran, et ce quelles que soient les langues utilisées, perdent toute la beauté stylistique et le souffle de l’original avec un résultat souvent déconcertant et même décevant pour le lecteur qui s’étonne qu’un tel texte soit considéré comme la parole de Dieu.
Faut-il pour autant renoncer à traduire et lire le livre sacré des musulmans ? La réponse est clairement non mais à condition de choisir une « bonne traduction », de ne pas se contenter d’une seule et surtout – c’est le plus important – de garder à l’esprit qu’une traduction du Coran n’est pas le Coran.
Vous trouverez ci-dessous six traductions dont nous vous recommandons la lecture. Deux critères ont été utilisés pour établir cette sélection : le premier est bien évidemment la qualité littéraire du texte final ainsi que sa fidélité à l’original ; le second est la disponibilité de l’ouvrage sur le marché car il n’est pas vraiment utile de recommander un livre totalement épuisé et que personne ne pourra se procurer.
Des extraits (il s’agit de la sourate n°1, dite la Fatiha) permettent de confronter les différents styles et variantes de traduction.
Ajoutons que cette liste n’est ni exhaustive ni restrictive et que les ouvrages sont fournis non pas par ordre de préférence mais par ordre alphabétique d’auteur.
Remarque : la traduction du Coran réalisée par Muhammad Hamidullah est disponible gratuitement sous format .pdf (voir le formulaire en fin d’article).

Extrait : « Au nom de Dieu, le Tout miséricorde, le Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des univers, le Tout miséricorde, le Miséricordieux, le roi du Jour de l’allégeance. C’est Toi que nous adorons, Toi de qui le secours implorons. Guide-nous sur la voie de rectitude, la voie de ceux que Tu as gratifiés, non pas celle des réprouvés, non plus que de ceux qui s’égarent. » (S.1-V.1 à 7)

Extrait : « Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux. Louange à Allah, le Seigneur des mondes, le Clément, le Miséricordieux, Maître du Jour de la rétribution. C’est Toi que nous adorons, et Toi dont nous implorons l’assistance. Conduis-nous sur le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de Tes bienfaits, et non pas de ceux qui ont suscité Ta colère, ni le chemin des égarés. » (S.1-V.1 à 7)

Extrait : « Par le Nom d’Allâh, le Tout-Rayonnant d’Amour, le Très-Rayonnant d’Amour. A Allâh la Louange, l’Enseigneur des êtres de l’Univers, le Tout-Rayonnant d’Amour, le Très-Rayonnant d’Amour, le Possesseur du Jour de la Redevance. C’est Toi que nous adorons et c’est de Toi que nous sollicitons l’aide. Offre-nous la Voie qui requiert la rectitude, la Voie de ceux sur lesquels Tu as répandu Tes bienfaits, qui ne subissent pas le courroux ni ne s’égarent. » (S.1-V.1 à 7)

Extrait : « Au nom de Dieu le Miséricordieux plein de miséricorde. Louange à Dieu le Seigneur des mondes, le Miséricordieux plein de miséricorde, le maître du jour du jugement. C’est toi que nous adorons, c’est toi que nous implorons. Conduis-nous vers le droit chemin, le chemin de ceux que tu combles de bienfaits, non de ceux qui t’irritent ni de ceux qui s’égarent. » (S.1-V.1 à 7)

Extrait : « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Louange à Allah, Seigneur de l’univers. Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, Maître du jour de la rétribution. C’est Toi [seul] que nous adorons, et c’est Toi [seul] dont nous implorons secours. Guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés. » (S.1-V.1 à 7)

Extrait : « Au nom de Dieu : celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des mondes : celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux, le Roi du Jour du Jugement. C’est toi que nous adorons, c’est toi dont nous implorons le secours. Dirige-nous dans le chemin droit : le chemin de ceux que tu as comblés de bienfaits ; non pas le chemin de ceux qui encourent ta colère, ni celui des égarés. » (S.1-V.1 à 7)
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- http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr/index3763.html (site consulté le 31 décembre 2016). ↩
4 commentaires
le.7 août 2018
Vous dites que le premier coran a été traduit par Mr André de Ryer, consul de France à Alexandrie, en 1647. J’ai trouvé la première traduction en occident en 1142. Elle demeure la plus courante jusqu’au 18° siècle.Elle fut utilisée sous forme manuscrite jusqu’au 16° siècle avant d’être imprimée en 1543 à Bâle par Herman le Dalmate , avec une préface de Martin Luther.
Yves-Marie DESHAYS
Que le Coran révélé à Mohammed soit inspiré par Allah s’impose comme une évidence… Mais les musulmans considèrent-ils qu’Osman ait été également inspiré par Allah lorsqu’il procéda au tri des versions en circulation pour n’en retenir qu’une, considérée depuis comme la seule « vulgate » autorisée, en faisant détruire toutes les autres versions ?
Mazari
C’est cette interrogation qui m’a mené ici.
Les versets sont authentiquement d’inspiration divine, mais l’ordre est humain et a priori arbitraire, alors même que l’ordre des sourates était connu et est même mentionné à chaque début de sourate, lorsqu’on lit le Coran (telle sourate, révélée à tel endroit, après telle autre sourate).
Il aurait donc vraisemblablement été possible de reconstituer le texte de la révélation selon l’ordre chronologiques des versets révélés.
L’ensemble reste malgré tout étonnamment harmonieux et se lit très bien en l’état.
En l’absence d’éléments probants et indiscutables, le Musulman que je suis en est resté là: Les versets viennent d’Allah, leur classement du Calife Othman (troisième des quatre premiers califes de l’Islam, connus également sous le nom de « bien-guidés », Ar Rashidun).
Par conséquent, ordre d’inspiration divine, certainement pas au sens prophétique, mais plus probablement au sens d’agrément par Allah d’une entreprise aux motivations pures et sincères.
Il est en outre patent que l’ordre des sourates ne nuit en rien à leur signification, la révélation n’étant pas un récit au sens chronologique du terme, ce qui apparaît clairement à la lecture du Coran.
Andre Gompel
La traduction du Coran, par Andre Chouraqui, est tres interessante.
Meme si son choix, de faire une traduction la plus fidele possible, la rend parfois un peu cryptique.
Les commentaires, surtout historiques y sont tres interessants.
Une version « en ligne » existe, simplement chercher :
« Coran Andre Chouraqui », afin de l’y trouver.
Bonne Lecture !